En attendant la sortie imminente du dernier épisode de la Guerre des Immortels et l'annonce d'une date de sortie officielle pour Sens Cosmo, je vous propose de découvrir, en avant première, un petit extrait du quatrième opus de Sens. (Il reste très certainement de nombreuses fautes et maladresses, c'est un texte "
brut de décoffrage", comme on dit.) Bonne lecture.
Le 29 Novembre 597CSH, Gabriel et Samantha Anchors meurent dans un tragique accident de transport. Après l’échec qu’il vient de vivre, Wilfried est d’autant plus effondré. Il erre, tel un spectre, dans les couloirs lugubre du manoir de ses parents. Il n’a plus aucun ami à qui se confier et tous les nobles qui entouraient la famille l’ont subitement abandonné. Un grand enterrement a lieu à la Nouvelle-York. Finlongfinger et la Résistance rendent un vibrant hommage aux deux généreux donateurs. Quelques heures plus tard, dans le silence du manoir, un notaire fait à Wilfried la lecture du testament de ses parents. La plupart des œuvres d’art sont léguées à la Résistance et aux divers musées de la Nouvelle-York : l’ultime don d’une noblesse résistante à la cause du Conseil. Quant à Wilfried, il hérite de l’immense fortune familiale, plusieurs millions de crédits. Dorénavant, le manoir lui appartient. Les livres sont à lui.
Dans le bureau de son père, Wilfried découvre les documents de son adoption. Sa vie bascule à nouveau. Il décide de se mettre en quête de ses véritables origines. Durant 5 ans, jusqu’en 603CSH, il va vivre sur les acquis de son héritage. Au manoir, il découvre que le nom « Anchors » est un faux nom. Il comprend que Gabriel Anchors est en réalité Al-Kâtib ben Ihsân, un membre imminent de la secte de Kafka. De nombreuses théories surgissent de son esprit délirant. Mais avant tout, Wilfried décide d’enquêter sur l’accident des Anchors. Pour lui, il ne peut s’agir que d’un assassinat. Pourtant, c’est une impasse. Alors, le jeune homme enquête sur la secte des assassins. Il parcourt la Terre entière à la recherche d’indices. C’est une nouvelle impasse. Par la suite, il étudie l’hypothèse des Huysmans, la grande famille de sa mère adoptive. En tant que baronne, celle-ci connaissait certainement de nombreux nobles à la cour des Oberon. L’un d’entre eux est peut-être le père ou la mère de Wilfried ?
Wilfried gagne la Noble Chambre sur Mars. Sa fortune lui permet facilement d’accéder aux prestigieux couloirs du parlement. C’est dans ces couloirs que Wilfried fait la connaissance d’un jeune homme fin et intelligent, un pianiste très séduisant. Les deux hommes ne se sont pas encore reconnus et même s’ils sont la mire de tous les regards, Wilfried n’a pas encore deviné l’identité de son illustre bienfaiteur. Depuis les loges du Parlement, le pianiste lui présente les nobles. Il lui fait visiter le palais et ses jardins. Il l’emmène dans un restaurant et lui fait gouter la plus fine gastronomie de Fidridane. Ce jeune homme détourne Wilfried de son enquête et le jeu de la séduction prend peu à peu le pas sur toutes ses préoccupations.
Au terme de la soirée, Wilfried se présente enfin à cet inconnu sous son véritable nom. Il attend naturellement de son hôte anonyme qu’il se dévoile également. Myphos Quadria s’exécute. Wilfried est stupéfait. Le Chancelier n’est pas censé être si jeune. Il réalise soudain qu’il a pu visiter tout le palais sans être préoccupé par les gardes ; quitter le restaurant sans payer et boire beaucoup de bons vins terriens, à des milliers de kilomètres de la Terre, sans inquiéter le moins du monde le regard doux de son charmant séducteur. Tant de textes, tant de poémes, tant de vers déclamés contre l’Empire, ou contre ce chancelier, pour finalement aboutir à cette soirée irréelle. Cette nuit, Wilfried est sous l’emprise de Myphos et, pour la première fois, l’idéal du poète s’incline devant les irrésistibles charmes du tyran.
Au matin de cette étrange nuit, lorsque Wilfried s’éveille, Myphos a depuis l’aube quitté ses appartements. Le jeune terrien est prié de regagner promptement la sortie. On lui fait prendre une porte dérobée. Les gardes de Myphos, en sa compagnie, se risquent à quelques plaisanteries. Leurs railleries homophobes laissent penser que Wilfried n’est ni le premier ni le dernier à tomber ainsi dans les griffes du Chancelier. Il reprend son enquête, mais il commence à comprendre que celle-ci ne le mènera nulle part. Elle le conduit inexorablement d’impasse en impasse.
Pourtant Wilfried s’attarde sur Mars. En secret, le jeune terrien caresse l’espoir de revoir Myphos. Il attend l’heur d’une nouvelle rencontre. Quelques fois, Wilfried l’aperçoit furtivement, dans les jardins supérieurs, accoudé à une balustrade, conversant avec de belles courtisanes ou siégeant majestueusement sur les fauteuils dorés de la Noble Chambre. Au loin, l’œil perçant de l’aigle de Fidridane observe les comportements de ces nobles impuissants. Les jambes croisées, les bras rivés sur les accoudoirs sculptés de son trône, dans la solitude de son immense pouvoir, Myphos Quadria écoute en silence les milles accords d’une symphonie dont lui seul connaît l’ineffable partition. Il y a de la tristesse dans le regard froid de ce tyran, mais il y a aussi – Wilfried le sait – de la grâce et de la détermination. Derrière sa longue mèche brune, Myphos dissimule la recherche d’un idéal indicible. Existe-t-il seulement une place pour l’Amour dans le cœur de cet inébranlable dictateur ? Myphos est inaccessible. En dépit de tous ses efforts, Wilfried désespère de le revoir.
Le jeune terrien a dilapidé beaucoup de crédits sur Mars. Fanfaronner auprès des marquis et des comtesses coute très cher et Wilfried doit finalement écourter son voyage, faute d’argent. Mais au moment du départ, il trouve une lettre sur le lit de sa chambre d’hôtel. La première lettre de Myphos à son intention. Celle-ci lui explique qu’il a maintenant un protecteur sur Mars. Le Dauphin promet de l’aider à trouver ses parents. Il confesse être, lui aussi – en un sens – à la recherche de ses véritables origines. Myphos ne lui demande rien en retour, pour le moment. Wilfried quitte Mars, fort d’un nouvel allié. Il regagne la Terre et la banlieue de la Nouvelle-York. Là-bas, une mauvaise surprise l’attend.
En son absence, le manoir des Anchors a été pillé. Les ouvrages précieux de la bibliothèque ont pour la plupart disparu. Mais l’absence des livres et le chaos laissé par les cambrioleurs révèlent à Wilfried l’existence d’un passage secret. Le courant rétabli, il déclenche par hasard un curieux mécanisme qui entraine l’ouverture d’une trappe. Jadis masquée par le tapis de la grande salle, une volée de marches donne soudain accès à une alcôve souterraine. C’est une cache typique des assassins de la secte de Kafka. En ce lieu exigu, éclairé à la seule lueur d’un bougeoir, les yeux rouges de Wilfried perçoivent l’aura mystique d’une antique flamboyance. Parmi les armes et les armures scintillantes d’Al-Kâtib ben Ishân, se trouve, haut perché sur un pupitre de bois, un grimoire datant d’une période antérieure à l’avènement de la grande Impératrice : un livre intitulé « Les arts magiques de Agone ».